Je souhaitais faire un article sur l’astrologie et l’enfermement pour faire suite à mon précédent article sur ce que l’astrologie m’a apporté. Mais comme ce n’est pas la seule pratique qui peut enfermer, j’ai décidé de plutôt écrire un article global sur la spiritualité et l’enfermement, dans lequel l’astrologie s’inscrit aussi.

La spiritualité n’est pas bonne ou mauvaise en soi, elle est uniquement ce qu’on en fait, au même titre que les religions, les sciences,…

Cet article n’a pas non plus pour but de créer la moindre culpabilisation, mais juste de lever le voile sur des comportements qui peuvent conduire à l’enfermement. Parce que je pense que c’est aussi important de parler de cet aspect de la spiritualité, et qu’au fond il n’y a pas de fatalité. L’enfermement est une expérience que nous offre la vie et par lequel, je crois, nous passons tous un jour ou l’autre, que ce soit un enfermement spirituel ou non.

Le gourou

Je commence par ici pour bien appuyer quelque chose qui me tient à cœur. Je ne détient pas la vérité absolue, ce que je transmets est le fruit des mes expériences et de mes croyances. Gardez votre œil critique, remettez en cause ce que vous entendez et faites vos propres expériences. Dans le milieu spirituel il n’est pas rare de rencontrer quelqu’un (virtuellement ou non) qui nous semble plus avancé spirituellement et dont nous allons boire toutes les paroles comme si elles étaient paroles de prophète. En plaçant cette personne sur un piédestal au-dessus de nous, nous donnons tout notre pouvoir à cette personne. Ce phénomène peut encore être renforcé quand la personne que nous adulons délivre des messages des guides et qu’elle canalise ce qu’elle transmet. Alors là, si cette personne est capable de canaliser et de communiquer avec les guides, elle a forcément raison et ce qu’elle dit est forcément la vérité. Je ne remets pas en cause ces personnes, ce qu’elles font et le fait qu’elles canalisent. C’est la posture qu’on adopte par rapport à ces personnes qui crée l’enfermement.

Le sentiment de supériorité

C’est un peu la suite du point précédent. Lorsqu’on est dans une logique d’échelle spirituelle où certains êtres sont plus ou moins avancés sur cette échelle, on va aussi commencer à se sentir supérieur à ceux qu’on considère « moins avancés ». On se place alors en être sachant qui détient la vérité et qui sait mieux que ces personnes ce dont elles ont besoin et ce qu’elle devraient faire. On vit tous dans notre réalité unique et il n’existe pas de vérité absolue. Ce qui s’applique à moi ne s’applique pas forcément à vous et inversement. Je conseille d’ailleurs vivement la lecture des 4 Accords Toltèques de Don Miguel Ruiz sur toutes ces questions de réalité unique.

Le rejet des autres

Le rejet des autres est une autre facette du sentiment de supériorité. Lorsqu’on entame son chemin spirituel, on peut se sentir en décalage avec son entourage proche (ou moins proche) qui ne vit pas la même chose que nous et avec lequel on a du mal à échanger ce qu’on vit. On peut alors essayer de se retrouver avec des gens « comme nous ». Ça n’a rien de mal, l’enfermement arrive quand on commence à rejeter tous ceux qui n’ont pas les mêmes croyances que nous et que nous préférons rester en permanence entre « gens spirituels ». On passe alors à côté d’une incroyable richesse de vie, la multitude de croyances et opinions qui existent. Et on met également en œuvre un biais de confirmation, puisqu’on ne se confronte plus jamais à des opinions ou croyances divergentes, on s’enfonce dans nos certitudes.

La complaisance et les excuses

L’astrologie est un des pratiques qui peut conduire à la complaisance et à trouver des excuses pour nos comportements. Par exemple, puisque je suis Bélier alors c’est normal que je sois agressif, puisque j’ai Saturne en Poissons c’est normal que je souffre d’être sur Terre, puisque j’ai une blessure d’abandon c’est normal que je sois jalouse,… Au lieu d’utiliser nos connaissances comme un moyen de regarder en face nos ombres et de choisir une autre façon d’agir que celle que nous mettons en œuvre depuis toujours et qui nous blesse au fond, on préfère alors se complaire dans nos comportements et utiliser nos connaissances comme des excuses pour justifier nos comportements. Le but des outils spirituels et de poser un regard de conscience sur soi, nos expériences et sur le monde.

L’addiction aux états de conscience modifiée

Les expériences d’états de conscience modifiée (voyage au tambour, cérémonie cacao,…) sont extraordinaires, elles sont souvent marquantes et nous permettent d’accéder à des parts de nous que nous ne connaissons pas, que nous ne voulons pas voir, ou encore auxquelles nous aurions eu du mal à accéder en temps normal. Il est facile de devenir accros à ces expériences et de vouloir sans cesse en vivre de nouvelles. Pour en avoir vécue plusieurs, je sais à quel point elles sont transformatrices. Cependant, ces expériences ne sont pas la spiritualité. Être spirituel, ce n’est pas collectionner les expériences d’états de conscience modifiée. La spiritualité est partout, dans chaque instant du quotidien et chaque expérience est spirituelle, peu importe si elle est impressionnante ou non.

La recherche d’explication à tout

Cet enfermement est particulièrement alimenté par les pratiques telles que l’astrologie et les guidances. Ce sont des pratiques qui nous permettent de connaître les énergie qui sont à l’œuvre actuellement à l’échelle individuelle ou collective. On peut facilement devenir accros à ces pratiques et sans cesse rechercher des explications à tout en utilisant ces outils. Je me sens mal, est-ce que ça ne serait pas les énergies planétaires actuelles qui en sont la cause ? Je viens de vivre une rupture, n’y aurait-il pas une planète qui a provoqué ça ? C’est l’ego qui veut tout savoir, tout analyser et trouver des raisons à tout. Lorsqu’on cherche des explications à tout, on oublie de vivre ce qui se présente à nous dans l’instant. On veut comprendre parce qu’on pense que comprendre atténuera notre souffrance ou alors parce que ça nous rassure. Mais est-ce que vraiment savoir que Saturne est passé sur Vénus rend la souffrance d’une séparation moins douloureuse ?  Est-ce que savoir que les énergies actuelles sont intenses vous fait sentir moins abattus ? Et au contraire, est-ce que le fait qu’il ne se passe rien au niveau planétaire ou énergétique annule ce que nous vivons et ressentons ? Encore une fois, le but des outils est de nous aider à vivre en conscience ce qui se présente à nous, pas de tout analyser et comprendre.

La passivité

La passivité découle de la croyance que l’Univers nous soutient et que tout ce qui est censé nous arriver nous arrivera un jour. Alors on attend les bras croisé qu’un miracle se produise, que quelque chose à l’extérieur change. Sauf que rien ne vient de l’extérieur, tout part de l’intérieur. Un changement ne peut pas se manifester à l’extérieur s’il ne s’est pas amorcé à l’intérieur. Si on a un rêve, on peut attendre longtemps que l’Univers le réalise, si nous ne mettons pas nous-même en place des actions pour réaliser ce rêve. L’Univers nous présente des opportunités et des situations, à nous ensuite d’en faire ce que nous souhaitons.

La sur-acceptation

On entend beaucoup dans le milieu spirituel que « tout est juste ». Selon moi, ce que cette phrase vise à faire passer comme message, c’est que chaque ressenti est valide et que chaque expérience que nous vivons, loin d’être le fruit du hasard, est plutôt une opportunité pour nous d’apprendre et d’évoluer. Cependant, cette phrase seule et sans contexte peut créer un comportement de sur-acceptation. Puisque tout est juste, alors je dois laisser cette personne passer au-delà de mes limites, puisque tout est juste, alors je dois rester dans cette situation qui me fait du mal puisque je vais finir par en apprendre quelque chose,… Dire que tout est juste ne signifie pas accepter d’être écrasé, violenté, humilié,… De même, dire que tout est juste ne signifie pas qu’on a pas le droit de ressentir de la tristesse, de la colère,… ce n’est pas parce que tout est juste qu’on doit s’arrêter de ressentir et d’agir.

Le bon élève spirituel

Le bon élève spirituel, c’est celui qui coche toutes les cases de ce qu’il considère une « bonne pratique spirituelle ». Il fait du yoga tous les jours, il médite tous les matins, il fait très attention à tout ce qu’il mange, il a lu tous les incontournables spirituels,… vous voyez où je veux en venir. On s’enferme dans ce personnage quand on fait les choses par obligation parce qu’elles sont « bien » ou censées nous faire du bien. La notion de plaisir disparait, et on se retrouve plutôt à remplir notre petite check-list spirituelle intérieure par ego. On ne se demande pas si on a envie de faire telle chose, si notre corps a réellement besoin de ça aujourd’hui,… on agit pour satisfaire notre ego spirituel et pour ne pas culpabiliser d’avoir « loupé » une journée. Spoiler alerte : intégrer plein de pratiques spirituelles à sa routine quotidienne ne fait pas de nous un meilleur être spirituel. Je le répète, la spiritualité est partout, dans chaque instant, pas seulement dans la pratique du yoga, de la méditation,…

Bien-sûr, ce n’est pas une liste exhaustive de toutes les façons dont il est possible de s’enfermer dans la spiritualité. Et d’ailleurs, ce n’est pas une liste spécifique non plus au milieu spirituel. J’ai moi-même expérimenté plusieurs de ces enfermements, et j’en expérimenterai sûrement d’autres. Comme je l’ai dit en début d’article, l’enfermement n’est pas une fatalité et il nous apprend toujours quelque chose. Le tout est de regarder à l’intérieur ce qui ce joue.